Yokozuna

Izumo Taisha

Le domaine des dieux

Vous verrez sans nul doute au Japon des cordes en paille de riz ou en chanvre accrochées sur les portiques des sanctuaires, à l’entrée de ruines historiques, à des cascades, à de grands arbres ou autour de gros rochers. Ces cordes indiquent que l’espace qui se trouve derrière elles, ou l’espace qu’elles délimitent est le domaine des dieux. Pour les Japonais, cela signifie qu’il s’agit de lieux à prendre au sérieux et où il vaut mieux ne pas faire de gaffes.



En fait, le terme « yokozuna » qui désigne les grands champions dans le monde du sumo a la même signification. En japonais ancien, « yokozuna » désigne une corde blanche faite de chanvre. Le sumo aurait ses origines dans un festival où les humains et les dieux mesuraient leur force en se poussant mutuellement en arrière. Jusqu’au moyen âge, lors de ce festival, les participants se mesuraient d’abord entre eux dans une compétition de sumo pour déterminer un champion. Celui-ci devait alors se mesurer avec les dieux dans une épreuve de force. Son adversaire étant un dieu, il restait invisible et l’épreuve se terminait toujours par une performance où l’homme perdait. Pendant l’époque d’Edo (1600-1868), avec l’arrivée de lutteurs de sumo continuant à gagner année après année, le titre de « yokozuna » fut instauré et considéré comme un statut divin. Aujourd’hui encore, seuls les yokozuna sont autorisés à porter une épaisse corde de chanvre blanche autour de la taille. Tout comme les cordes que l’on peut voir dans les sanctuaires, la corde des yokozuna a pour fonction de signaler que « l’espace qu’elle délimite est le domaine des dieux ». Actuellement, les yokozuna affrontent les autres lutteurs de sumo dans des matchs pour déterminer un vainqueur et un perdant. Cependant, une fois qu’un lutteur a atteint le rang de yokozuna, il ne le perdra jamais, à moins qu’il ne décide de prendre sa retraite en tant que lutteur de sumo. Ceci est dû au fait qu’ayant un statut divin, aucun autre être humain ne peut prendre une décision à la place d’un yokozuna. De plus, les paroles et les actions d’un yokozuna sont surveillées de manière très stricte, car le public attend d’eux un comportement exemplaire, digne de leur statut divin.

Les cordes accrochées aux sanctuaires sont appelées shimenawa. La plus grande corde shimenawa du Japon est accrochée au sanctuaire Izumo Taisha (bien qu’il soit communément connu sous le nom d’Izumo Taisha, son nom officiel est Izumo Oyashiro). La légende veut que l’ensemble des dieux du Japon se rassemblent au sanctuaire Izumo Taisha pendant le 10e mois de l’ancien calendrier japonais, ce qui correspond au mois de novembre dans le calendrier actuel. Cette corde shimenawa unique est digne de ce sanctuaire et constitue pour ainsi parler, le yokozuna des shimenawa. Elle peut être en outre être observée de près. Elle mesure 14 mètres de long et pèse 5 tonnes. Elle est remplacée au bout de quelques années, la dernière fois en été 2018. Cette énorme shimenawa est fabriquée par des habitants locaux avec des méthodes traditionnelles. Les Japonais accordent une grande importance et une valeur spirituelle au fait de tisser une corde et de l’accrocher à quelque chose. Il est possible de faire cette expérience en fabriquant votre propre shimenawa (de plus petite taille) avec les mêmes méthodes que celles utilisées au sanctuaire Izumo Taisha, alors pourquoi ne pas essayer ? La placer quelque part où vous souhaitez que personne ne mette les pieds, ou dans un lieu qui vous est particulièrement important pourra se montrer très efficace... Mais vous devrez tout d’abord essayer de la fabriquer vous-même.

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